lundi 19 septembre 2011

CCCP by Frédéric Chaubin



Plutôt que d'aborder la fin du monde soviétique sous l'angle visuel de la décadence et de la décomposition, Frédéric Chaubin a choisi celui plus réjouissant de l'utopie. Petit état des lieux de la quatrième époque de l'architecture soviétique (1970-1990).
Rédacteur en chef du magazine Citizen Kdepuis quinze ans, Frédéric Chaubin a l'habitude de parcourir le monde. Lors d’un voyage de presse à Tbilissi en 2003, il tombe sur un livre dédié à l'architecture du temps de la Géorgie soviétique. Intrigué par deux bâtiments en particulier, il décide d'aller les photographier. Cette séance sera la première d'une longue série. Tel un archéologue des temps modernes, Frédéric Chaubin se prend au jeu et entreprend de fouiller les moindres recoins de l’ancien empire pour « dénicher les manifestations hétéroclites de cette architecture différente. Produire un effet de masse en épinglant méthodiquement, l'un après l'autre, ces bâtiments particuliers ». Dans une mise en page chapitrée qui fait la part belle aux images, Cosmic Cosmic Communist Constructions Photographed est le fruit de ce travail de fourmi. Loin des façades uniformes et colossales en stuc des débuts de l'ère soviétique, il met à jour une véritable pépinière de constructions délirantes, disséminées aux quatre coins du défunt empire.
Plus que l’utopie communiste, certaines rappellent curieusement le style baroque, comme ce kiosque à musique du palais Marinsky à Kiev (1981) et son dôme en forme de feuille. D'autres font plutôt penser au futurisme et à l’imagerie du rêve spatial qui envoûtait les esprits de l’époque, tel l’hôtel Droujba (1984), à Yalta. Tout en rondeur, il ressemble à un vaisseau échoué sur les rives de la mer Noire. Ou encore le Palais des cérémonies (1985) de Tbilissi, ancien office de rite profane érigé telle une cathédrale futuriste tendue droit vers le ciel. Chacun des 90 édifices recensés, construits alors que la main mise du Parti déclinait, devient l'occasion de poser un regard différent sur le monde communiste.
Chapeau bien bas, donc, à Frédéric Chaubin, pour nous permettre de découvrir l’extravagance cosmique des architectes du dernier âge soviétique.

Article en ligne sur le site librairie nabbu.com:

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