jeudi 24 novembre 2011

"The Americans" by Robert Frank




Paru dans l’indifférence puis critiqué pour sa vision éloignée du rêve américain, l'ouvrage mythique de Robert Frank a bouleversé l’iconographie américaine. Plus qu’aucun autre, The Americans influença profondément la conception du « livre de photo » et l’œuvre de grands noms du XXème siècle, de Bruce Davidson à Diane Arbus. Un ouvrage d’une grande poésie, récemment réédité à l’occasion de son 50ème anniversaire.

1955. Lorsqu’il rédige sa demande de bourse à la Fondation Guggenheim pour faire l’ «étude visuelle d’une civilisation», Robert Frank a quitté sa Suisse natale et vit à New York. Telle est est la genèse de The Americans, qui reçoit d’emblée l’aval de Walker Evans, Edward Steichen, Alexandre Liberman et Meyer Shapiro.
Embarqué dans une voiture d’occasion, accompagné de sa femme et de leurs deux enfants, Frank réalise en un peu plus d’un an et 48 Etats, quelques 28 000 clichés pris avec un Leica qu’il utilise d’une seule main. Nous sommes en 1956, et ces clichés font figure de commentaire triste sur l’Amérique. Car Robert Frank ne cherche pas à travestir ou à enjoliver ses sujets : il les saisit sur le vif, dans leur environnement et avec leurs codes. Tantôt risibles, tantôt violentes (les photos prises dans les Etats du sud illustrent le racisme ambiant), ses images ont ceci de génial qu’elles réussissent à créer une esthétique forte, fruit de son intuitionLes cadrages sont « décalés », la lumière est contrastée et le grain, qu’il préfère dense, ajoute du caractère et de l’expressivité à sa photographie.
Ce qui deviendra LE livre mythique de la Photographie est d’abord publié en France avec des textes d’Alain Bosquet. Une insertion dont le photographe se débarrasse dans la seconde édition, parue en 1959. Ne resteront alors que les 83 photos que Robert Frank avait minutieusement sélectionnées puis organisées. Présentées seules face à des pages blanches, elles s’imposent à l’œil. Unique trace écrite préservée, la très belle introduction de Kerouac, qui souligne la poésie inhérente de l’ouvrage: « Robert Frank, Suisse, discret, avec ce petit appareil qu’il manie d’une seule main, a tiré de l’Amérique un poème triste qu’il a coulé dans la pellicule ».


http://www.nabbu.com/chronique/theamericans,85.html

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